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CUBA

Quel avenir ?

Mercredi 20 février 2008, par Roxanne Escobales

C’était le moment que de nombreux exilés cubains attendaient - la démission de l’homme qui a dirigé leur minuscule île-nation pendant près d’un demi-siècle.

La nouvelle, selon laquelle Fidel Castro, à 81 ans, allait se retirer en tant que président de Cuba, a vu le président des Etats-Unis, George Bush, exprimer l’espoir que ce pays se dirigera vers la démocratie.

Pourtant, il y a des signes que le socialisme que Castro a apporté à cette île au cours de sa révolution de 1959 a toutes les chances de perdurer.

Son frère, Raùl, est président par intérim depuis une maladie intestinale qui a laissé, en juillet 2006, le dirigeant cubain trop faible pour gouverner. On s’attend à ce que Raùl Castro soit nommé successeur de son frère, lorsque l’Assemblée Nationale se réunira dimanche pour la première fois depuis les élections de janvier dernier.

Et si cet homme âgé de 76 ans maintient le pouvoir qu’il a détenu pendant les 16 derniers mois, on s’attend à peu de changement. On pense qu’un remaniement ministériel est probable, offrant peut-être des postes aux plus proches collaborateurs de Raùl Castro. Il a disposé de pas mal de temps pour développer des relations depuis que l’ancien dictateur, Fulgencio Batista, fut chassé en 1959.

"Cuba restera un pays communiste et un Etat avec un seul parti", a dit le Dr Stephen Wilkinson, le directeur adjoint de L’Institut International pour l’Etude Cuba de la London Metropolitan University.

Cependant, il a ajouté qu’une réforme était attendue et qu’elle serait très délimitée.

Au cours des 18 derniers mois, un dialogue majeur s’est instauré au sein des syndicats et des organisations représentatives. Les gens ont été encouragés à parler librement sur les défauts du système cubain et à faire des suggestions pour l’améliorer.

Les réponses ont été compilées de façon détaillée, dans un rapport qui a été remis au gouvernement. Les officiels ont dit que des changements seront effectués, en ligne avec ces recommandations.

Tandis que ces changements n’ont pas encore été annoncés - et on ne sait ni quand ni s’ils auront lieu - des réformes ont néanmoins été prédites.

Wilkinson, qui vient juste de rentrer de Cuba a dit que des changements auront certainement lieu dans deux domaines.

Les restrictions sur les Cubains qui voyagent hors du pays pourraient être levées. Telles que sont les choses aujourd’hui, les Cubains ont besoin d’une permission et d’un visa de sortie - pas faciles à obtenir. "Il est suggéré que cela sera libéralisé", a dit Wilkinson.

L’autre domaine mûr pour être réformé est la distribution alimentaire et l’agriculture. L’île ne produit pas assez de nourriture pour ses habitants, la rendant dépendante des importations alimentaires coûteuses. Le gouvernement, qui achète ces aliments, les distribue et les subventionne.

On s’attend à ce que l’agriculture intérieure s’intensifie, apportant une augmentation de la production alimentaire et une diminution des coûts à la consommation. Raúl Castro a reconnu la nécessité d’une réforme agraire.

Pour le moment, quelques marchés de primeurs et de viandes - l’une des seules formes de commerces privés autorisés sur l’île - comblent le fossé entre la demande et l’offre, mais tout le monde ne peut pas se permettre d’y faire leurs courses.

Un système plus capitaliste est ce que les Etats-Unis, le grand ennemi de Cuba au nord, aimeraient voir. Séparé seulement par les 150 km du Gulf Stream, mais, diplomatiquement, par un océan, les relations entre Washington et La Havane ont été, pour le moins, antagonistes.

S’exprimant du Ruanda, Bush a vivement conseillé à la communauté internationale de travailler avec le peuple cubain pour construire les institutions nécessaires à la démocratie et il a déclaré que la transition vers une nouvelle direction à Cuba devrait conduire à des élections libres et honnêtes.

Il a déclaré que les Etats-Unis étaient prêts à aider les Cubains à réaliser la "bénédiction de la liberté".

En 2004, Bush avait renforcé l’embargo contre Cuba. Depuis lors, les exilés cubains basés aux Etats-Unis n’ont pu se rendre sur l’île qu’une fois tous les trois ans et n’ont pu envoyer des versements trimestriels que jusqu’à 300 dollars [environ 200 €] par foyer pour dépanner les membres de leurs familles.

Auparavant, ils avaient le droit se s’y rendre une fois par an et d’envoyer jusqu’à 3.000 dollars. Les restrictions sur les voyages pour les groupes éducatifs ou religieux ont aussi été renforcées.

Les responsables étasuniens espéraient que ces manœuvres affecteraient la qualité de vie des insulaires, mettant ainsi la pression sur le gouvernement.

Tandis que les Cubains-Américains, supporters traditionnels du Parti Républicain, détestent la révolution communiste de Castro qui les a expulsés de leur patrie, la politique de l’administration Bush s’est révélée être impopulaire, avec beaucoup d’entre eux appelant à ce qu’elles soient levées.

Ceci affectera l’élection présidentielle en Floride, où vivent la plupart des Cubains-Américains. Les candidats de tous les partis soutiennent un Cuba débarrassé de Castro, mais leurs positions sur l’embargo divergent.

Le candidat républicain, John McCain, comptera sur le vote hispanique. Il a soutenu le maintien de l’embargo économique qui remonte à longtemps.

Selon le forum en ligne Candidates on Cuba, qui invite les candidats à partager leur point de vue sur Cuba, McCain "soutient la quête de liberté du peuple cubain et l’embargo économique des Etats-Unis sur la dictature cubaine pour priver le régime castriste des ressources nécessaires à la poursuite de sa répression".

McCain aimerait voir Raúl Castro jugé pour les meurtres des citoyens étasuniens dans les eaux internationales à la suite d’un incident en 1996, lorsqu’il était le ministre cubain de la défense.

L’aviation cubaine avait descendu un avion piloté par deux frères cubains-américains qui avaient violé l’espace aérien cubain dans un acte de résistance contre le gouvernement.

Les candidats du Parti Démocrate ont des opinions mitigées sur cette question. En août dernier, Barack Obama a publié un article d’opinion dans le Miami Herald, dans lequel il appelait à ce que les restrictions contre Cuba soient atténuées.

A cette époque, sa porte-parole, Jen Paski, avait déclaré à Associated Press : "Le Sénateur Obama ressent que l’administration Bush a commis une bourde humanitaire et stratégique.

"Sa préoccupation est que cela a eu un impact profondément négatif sur le peuple cubain, le rendant plus dépendant du régime castriste, l’isolant ainsi du message transformateur porté par les Cubains-Américains".

Hillary Clinton a déclaré qu’elle veut une transition graduelle, mais qu’elle ne lèverait pas les sanctions économiques ou les restrictions sur les voyages tant que Fidel Castro restera au pouvoir.

Dans une interview qu’elle a accordée à Associated Press en mai de l’année dernière, elle a déclaré : "Il pourrait y avoir une opportunité lorsque je serai présidente d’effectuer une révision de notre politique vis-à-vis de Cuba, parce qu’il pourrait y avoir des changements à Cuba.

"Je veux voir comment les choses se développent, [voir] qui va vraiment être en charge des affaires là-bas et s’il ne peut pas y avoir des ouvertures".

Traduction : JFG/QuestionsCritiques

Publié par The Guardian, mardi 19 février 2008
article original : "What next for Cuba ?"