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VENEZUELA

La bourgeoisie vénézuélienne et le parlement de Bruxelles

Mercredi 20 mai 2009, par Danielle Bleitrach

Le parlement européen qui ferme les yeux sur ce qui se passe dans les ex-pays de l’est a adopté jeudi 6 mai, par 29 voix pour et une abstention une résolution présentée par le PPE. Le texte de cette résolution fait état de “ses très vives inquiétudes devant la dégradation de la situation et de la qualité de la démocratie au Venezuela” menacé “par l’autoritarisme croissant du président Chavez”. Mais voyons de quoi il est question : d’un chef de l’opposition que l’on accuse de corruption et qui ne répond pas à la convocation
n et s’enfuit au Pérou… Mais pas seulement, ce qui a mis le feu au lac de Maracaibo c’est la restitution des entreprises sous traitantes du pétrole à la nation… Mais voyons plutôt de quoi il est réellement question .

Le parlement européen s’inquiète devant l’autoritarisme de Chavez… La liberté serait-elle menacée au Venezuela ?

Qu’est-ce qui provoque ce coup de sang du vertueux parlement européen “Est-ce que comme la Géorgie le président Chavez invente de faux attentats pour mieux mettre une opposition innocente en prison ? Non point du tout. Il s’agit du cas de Manuel Rosales, l’ancien gouverneur de l’Etat pétrolier de Zulia, proche de la frontière de la Colombie et partageant avec ce pays d’incontestables intérêts. L’Etat de Zulia est un de ceux par qui passe le trafic de drogue et où sévit une corruption endémique voir l’assassinat de ceux qui résistent aux hommes de main des grands propriétaires fonciers. Manuel Rosales, très catholique, très lié à l’opus dei, mais surtout le leader de l’opposition à Chavez est un personnage controversé. De lui le président Chavez a dit : “D’où a-t-il sorti l’argent pour acheter 13 haciendas et acheter des maisons aux États-Unis ? C’est un voleur. Maintenant comment peut-on gouverner avec des voleurs comme Manuel Rosales ? (…) on ne peut gouverner avec pareils gens. Moi je ne le peux pas !” Un langage qui choque les chastes oreilles des membres du PPE…

Manuel Rosales est en effet soupçonné d’importants faits de corruption. Il a été appelé à comparaître devant la Commission Permanente de Contrôle du Parlement le 14 novembre 2008, afin d’y répondre en séance publique au sujet de plusieurs faits de corruption dont il est tenu responsable. Les soupçons concernent principalement trois faits : présomption d’évasion fiscale par le biais d’une loterie – la Lotería del Zulia, acquisition de biens et immeubles de manière irrégulière, donation présumée d’une camionnette inscrite au gouvernorat de l’État de Zulia à son complice le chef de la police d’état, nommé Jesús Cubillán. Dans le cas de la Lotería del Zulia, la fraude surpasserait les 19 millions de bolívars forts (plus de 5 millions et demi d’euros).

Ayant refusé de se présenter devant la Commission, une nouvelle convocation avait été lancée pour le 28 novembre. D’après un député vénézuélien, Mario Isea, Rosales devait être arrêté s’il refusait trois fois de comparaître, et il ne s’est pas présenté aux tribunaux au Venezuela pour une convocation le 20 avril 2009 . Il a préféré s’enfuir et Le 24 avril 2009, Interpol lance, à la demande de juges vénézuéliens, un mandat d’arrêt international à l’encontre de Manuel Rosales. Ce dernier, qualifiant ces accusations de politiques, a quitté d’urgence le pays pour demander l’asile politique au Pérou. L’ambassadeur vénézuélien au Pérou a immédiatement été rappelé.

Qu’un tel individu qui se soustrait à un jugement de corruption soit devenu le héros du parlement européen dit assez ce qu’est ce parlement.

C’est d’ailleurs ce qu’a noté le président du Venezuela : “Ni le Parlement européen ni la droite européenne ne nous préoccupent outre mesure. Nous sommes libres ici et nous resterons libres. Le reste n’a aucune importance pour nous”, a déclaré le président vénézuélien.

Alexandre Fleming, vice-ministre vénézuélien en charge de l’Europe, a qualifié de son côté cette résolution d’”attaque politique émanant de groupes de droite radicale”, ajoutant que le Parlement européen n’était pas un tribunal autorisé à émettre des jugements.

“Le Venezuela ne tolérera aucune ingérence extérieure car c’est un pays indépendant”, a indiqué le diplomate, ajoutant que Caracas n’envisageait pas d’”y venir” (au Parlement européen) pour “perdre son temps” en débats avec les parlementaires.

Parce qu’en fait ce qui est si douloureux pour les membres du PPE est bien autre chose encore, il n’y a que les atteintes au portefeuille qui fasse réellement mal à ces gens..

On les entend crier jusque sur la lune….

Manuel Rosales après avoir été gouverneur de l’Etat de Zulia ne pouvant se représenter est devenu maire de Maracaibo. C’est là que se trouve sans doute la signification des protestations vertueuses du parlement européen. Parce que l’oligarchie vénézuélienne a toujours été très étroitement mêlée aux intérêts espagnols…

En effet, le présidente de la República Bolivariana de Venezuela, Hugo Chávez Frías, a promulgué ce même jeudi la loi organique qui réserve à l’Etat les biens et services connexes aux activités primaires d’hydrocarbures. Grâce à cette loi la nation récupère les actifs et les fonctions qui antérieurement étaient réalisés par l’industrie pétrolière, et qui ont été transformés par les gouvernements de la quatrième république en entreprise privées. Cette loi concerne au premier chef les entreprises de Maracaibo, et les juteuses privatisations dont bénéficiaient monsieur le gouverneur et ses amis..

Le président a adressé un message à la nation dans la radio et télévision, et dans un Conseil des ministres depuis le Palais présidentiel de Miraflores. Le chef de l’Etat a paraphé le document approuvé par l’Assemblée Nationale l’après-midi de jeudi, et qui sera publié dans le journal officiel le même jour. Il a lu certains articles de la nouvelle loi organique, qui en définissent la portée de la norme légale, grâce à laquelle l’Etat réussira à rétablir les activités qui antérieurement étaient dévolues à d’autres entreprises. La récupération de ces activités permettra que l’Etat puisse réduire les coûts de la production pétrolière, pour une estimation de 700 millions de dollars par an.

Les huit mille employés et ouvriers qui travaillent dans ces entreprises seront absorbés par PDVSA, et bénéficieront de la couverture socio-économique de l’industrie pétrolière nationale qui avant n’en bénéficiaient pas. Un gouverneur en fuite, une poignée de bourgeois privés de leurs profits et condamnés à ne plus prendre l’argent de la collectivité et huit mille ouvriers et employés bénéficiant d’une couverture sociale qu’ils n’ont jamais eu, voilà la véritable atteinte à la liberté pour le parlement de Bruxelles.,

La loi, de surcroît, établit la déclaration d’intérêt public et social, par lequel dans son article 6, l’Etat pourra décréter l’expropriation des biens des entreprises de référence. Egalement, l’article 4 établit que les contrats conclus dans ce domaine sont reconnus comme des contrats administratifs et s’exerceront de plein droit en vertu de la dite loi dès sa publication au journal officiel, et PDVSA, ou la filiale qui est désignée, prendra possession des biens et du contrôle des opérations.

Le président Chávez a averti que l’on “allait entendre jusqu’à la lune les hauts-cris” de la bourgeoisie qui avait bénéficié illégalement de ces biens et activités qui jadis étaient exclusivement de l’attribution de l’industrie nationale pétrolière et qui à partir d’aujourd’hui lui sont restitués.

On les a effectivement entendus jusqu’à Bruxelles.

“A partir de demain, nous allons commencer une bataille navale libératrice dans le Lac de Maracaibo”, a-t-il dit “C’est la construction du socialisme a-t-il dit encore en mettant sa signature sur le document historique.

La mobilisation internationale de la droite contre le Venezuela

Mais il y a encore une autre hypothèse que celle des intérêts étroitement liés de l’oligarchie vénézuélienne avec les intérêts espagnols ce serait là encore un grand classique à savoir un service rendu à l’extrême droite de Miami, ainsi qu’au parti républicain aux Etats Unis.

La chaîne étasunienne républicaine d’extrême-droite Fox news a commencé en effet une féroce campagne de calomnie contre le président Chavez dans la page web de cette chaîne (www.foxnews.com)(1), il est décrit comme un des leaders mondiaux en matière d’abus sur les droits humains et pour faire bonne mesure il est accusé de 6000 morts en l’espace de 5 ans, plus des tortures et des abus dégradants. On croit rêver quand on sait de qui ça vient à savoir ceux qui ont appuyé Bush et soutenu ses meurtres “guerriers” autant que sa pratique de la torture. On croit rêver quand on connaît la liberté de la presse et des télévisions d’opposition au Venezuela et on croit encore plus rêver quand on sait à quel point ce pays connait des meurtres de… syndicalistes, de militants chavistes par les voyous de l’oligarchie.. ; Mais bien sûr le cas le plus “douloureux selon cette chaîne serait celui de manuel Rosales. “ce qui est en train de se passer est une persécution a affirmé la bien connue Susan Purcell, directrice du centre des Politiques des hémisphères de l’Université de Miami. ” La discrimination sur le terrain politique est une caractéristique qui définit la présidence de Chávez”,a déclaré l’organisation Human Rights Watch dans son rapport “Une décade sous Chávez”.La note de Fox news conclut avec des accusations d’un supposé “harcèlement des médias et journalistes indépendants de la part des représentants du gouvernement vénézuélien” et d’une “autocensure” qui serait en sa faveur dans les médias imprimés par “peur de représailles gouvernementales”

On s’interroge sur la nature de cette campagne, s’agit-il d’une manière pour la droite de torpiller les molles tentatives d’ouverture d’Obama, en développant une campagne de calomnie qui, comme à l’ordinaire, a trouvé au parlement européen le genre de caution droit de l’hommiste que quelqu’un comme Aznar a toujours fourni à l’administration Bush à propos de Cuba ?

Est-ce qu’on est en train de recycler la méthode employé pour les Cubains, où on a vu Aznar dont la campagne avait été financé par la mafia anti-cubaine de Miami complètement imbriquée avec la CIA imposer une ligne à Bruxelles, l’Union Européenne venant cautionner une campagne de calomnie de la droite que personne ni les socialistes, ni les communistes ne remettaient en cause ? Campagne qui bénéficiait bien sûr de l’appui du système de propagande médiatique occidental.

1. http://www.foxnews.com/politics/2009/04/21/chavez-transgressions-history-shocking-speeches/