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ÉQUATEUR

Non à la dette illégitime

Mercredi 17 décembre 2008

Le président d’Équateur, Rafael Correa, a annoncé hier une décision historique : répudier le paiement d’une portion de la dette de ce pays pour la considérer "illégitime" et "immorale", après qu’une commission investigatrice arrive à cette conclusion après une "profonde recherche".

"On ne continuera pas à payer cette dette externe et nous présenterons aux créanciers un plan de restructuration dans les jours suivants", a affirmé Correa dans une déclaration à la presse à Guayaquil. C’est une mesure inédite pour les pays d’Amérique latine, qui à d’autres opportunités sont tombés en default, soit dans une tentative pour forcer une négociation avec les créanciers ou bien parce qu’ils n’ont pas pu supporter l’étouffement financier, comme le cas de l’Argentine en 2002. L’Équateur en revanche le fait sur une portion de la dette de peu de signification en termes économiques et en alléguant des raisons de justice et de moralité.

En 1984, l’Argentine, le Brésil et le Mexique ont formé le Consentement de Carthagène pour affirmer aux créanciers l’illégalité et l’immoralité de la part de la dette assumée par les dictatures de ces pays. Des fonctionnaires des trois pays ont maintenu plusieurs rencontres pour essayer de mettre en oeuvre un plan conjoint d’action, mais ils n’ont jamais réussi à passer le cap des bonnes intentions. Finalement, la proposition est restée lettre morte et il n’y a pas eu de remise en raison de ces préceptes. L’Équateur concrétise maintenant cette proposition.

Correa a précisé que son gouvernement a cessé de payer les intérêts des bons Global 2012 qui se montent à seulement 30,6 millions de dollars et qui devaient être payés un jour ouvrable avant leur échéance le 15 décembre c’est-à-dire hier. Le président a affirmé que le plan de restructuration qu’il proposera aux créanciers cherche à éviter de "compliqué, ennuyeux et peut-être douloureux litiges". Ensuite, il a reconnu que tous les Global 2012 ne sont pas "illégitimes" et que pour cette raison, il cherchera arriver à un accord avec les créanciers.

"Naturellement, toute la dette n’est pas illégitime, immorale, mais oui une grande proportion ; c’est pour cela que nous sommes disposés à présenter un plan de restructuration", a signalé Correa. La dette équatorienne se monte à presque 10 milliards de dollars, d’équivalents de 19 pour cent du PIB. De ce total, 3 milliards correspondent aux Global 2012. "Nous savons la décision que nous prenons, nous savons à quoi nous nous affrontons, comme président de la république, j’assume toute la responsabilité, mais j’insiste : il est temps maintenant d’inaugurer la justice et la dignité", a-t-il affirmé. La commission investigatrice de la dette a commencé à travailler en juin de l’année passée et a révisé les passifs du pays de 1976 à 2006. La seule note qui a terni la journée du gouvernement équatorien a été la démission de la ministre des Affaires Etrangères, Maria Salvador, alléguant des raisons personnelles.