Tous ici se réjouissent qu’un « ami déclaré d’Israël » entre à l’Élysée « pour la première fois dans l’histoire de la Cinquième République ». La communauté « franco-israélienne » se targue d’y avoir contribué : les quelque 41000 originaires de France qui étaient appelés aux urnes en Israël ont plébiscité le candidat de la droite française.
Un ami de Netanyahou
Le premier ministre Ehoud Olmert a envoyé un télégramme de félicitations à l’heureux élu, dimanche soir, se disant confiant, que les relations entre Israël et la France - « pays parmi les plus importants et influents en Europe et dans le monde » - se consolideront, « et qu’ensemble, nous pourrons faire avancer la paix dans notre région ». M. Sarkozy l’a remercié par téléphone, lundi, l’assurant qu’Israël « pourra toujours compter sur son soutien ». Les deux hommes ont convenu de se reparler dès que M. Sarkozy sera entré en fonction, « pour promouvoir les relations bilatérales et le processus de paix ».
Le vice-Premier ministre, Shimon Pérès, a également transmis ses voeux à M. Sarkozy : « Votre élection est une grande promesse pour la France, un sentiment constructif pour le monde et un espoir pour le Proche-Orient ». Le chef du Likoud et de l’opposition de droite, Benjamin Netanyahou, exulte lui aussi. M. Sarkozy et lui sont personnellement amis depuis plusieurs années. L’élection de M. Sarkozy « sera bénéfique » pour Israël, a-t-il déclaré lundi sur les ondes israéliennes, « car il connaît nos besoins de sécurité et peut être entendu dans les pays arabes ». Pour M. Netanyahou, M. Sarkozy est le premier dirigeant français « à ne pas être infecté d’anti-israélisme : avec lui, la politique de la France sera beaucoup plus équilibrée ».
La presse israélienne voit dans M. Sarkozy un futur « médiateur honnête » entre Israël et le monde arabe. « En soi déjà une petite révolution française » écrit le quotidien « Ma’ariv ». C’est en Israël, rappelons-le, que M. Sarkozy a effectué son premier voyage à l’étranger comme président de l’UMP, fin 2004.
Souffle pro-américain
Voyage chaleureux, contrairement à celui du président Chirac qui avait créé un incident diplomatique à Jérusalem en 1996, en s’empoignant avec la sécurité israélienne. Les médias rappellent la filiation juive de M. Sarkozy (par son grand-père maternel) et sa déclaration au début de la campagne présidentielle, selon laquelle sa visite à Yad Vachem (le mémorial de l’Holocauste à Jérusalem) l’a personnellement « changé ».
Les analystes politiques retiennent par ailleurs que début 2006, face à la menace iranienne, il a déclaré voir dans l’existence d’Israël « une responsabilité historique pour chacun d’entre nous ». Sans oublier l’atout « stratégique » : le nouveau souffle pro-américain à l’Élysée, qui servira Israël au niveau régional.
Renée-Anne Gutter
*Renée-Anne Gutter, correspondante à Jérusalem - La Libre Belgique, le 8 mai 2007 Avec AFP, le 7 mai 2007