|  

Facebook
Twitter
Syndiquer tout le site

Accueil > français > Archives du site > Forum social mondial > Une marche vers l’amélioration des soins de santé

KENYA

Une marche vers l’amélioration des soins de santé

Jeudi 4 janvier 2007, par Joyce Mulama

KAJIADO, sud du Kenya, 18 déc (IPS) - Dans le secteur Mile 16 de Kajiado dans le sud du Kenya, les routes sont rares et les centres de santé publics font cruellement défaut. Ceci occasionne plusieurs problèmes, notamment avec la vaccination des enfants contre la tuberculose, la polio et la rougeole.

Comme les mères dans la région doivent faire de longues distances à pied pour se rendre dans des centres de santé, elles ont tendance à ne pas faire vacciner leurs enfants, affirment les agents de santé.

Neimesoi Lokore est un exemple typique. Elle n’a jamais amené son fils de cinq mois à la vaccination. ’’Mon bébé et moi n’avons jamais été dans un quelconque hôpital. Il n’y a pas d’hôpital là où je vis à Nangojet (au Mile 46)’’, a-t-elle dit à IPS, ajustant le bébé qu’elle avait au dos.

’’Si je dois amener le bébé à l’hôpital ou m’y rendre moi-même, je devrais marcher pendant huit heures pour faire l’aller-retour entre la maison et le centre de santé le plus proche. Je ferais mieux de rester à la maison et de préparer pour mon mari parce que lorsqu’il rentre à la maison, il veut sa nourriture. Si ce n’est pas là, je serai battue’’.

L’ignorance dont font preuve les femmes au sujet de l’importance de la vaccination aggrave le problème, comme le fait le manque de réfrigérateurs dans des dispensaires pour conserver les vaccins.

Toutefois, l’Africa Inland Church (AIC) — créée en 1952 avec l’avancée des missionnaires au Kenya — essaie de s’attaquer à cette situation d’une façon novatrice. A travers son dispensaire à Kajiado, l’AIC soutient quatre autres cliniques mobiles dans la région qui rapprochent davantage les soins de santé des habitants.

Les premières cliniques ont commencé par fonctionner en 2001. Cinq ans plus tard, des gens comme Sindima Kutata récoltent les bénéfices de la vaccination et des services prénatals qu’elles offrent.

Kutata a pu faire une distance relativement courte pour aller faire vacciner son bébé de quatre mois, quelque chose qui aurait été impensable auparavant.

’’J’ai marché pendant deux heures seulement pour arriver ici aujourd’hui. Je ferai deux heures pour rentrer à la maison. Ceci est faisable’’, a déclaré à IPS plus tôt ce mois, la mère de six enfants lorsqu’elle est allée dans une clinique mobile au Mile 46.

’’Dans le passé, j’aurais marché pendant huit heures ou plus pour me rendre dans un hôpital. Vous voyez, malgré la chaleur qu’il fait, je ne me sens pas fatiguée parce que le dispensaire est proche de nous maintenant’’.

Ce qu’on espère, c’est que les cliniques amènent les taux de vaccination à Kajiado au même niveau que ceux des zones plus développées. Durant une campagne de déparasitage des enfants de la région au dispensaire de l’AIC à Kajiado plus tôt cette année, plus de la moitié des quelque 400 enfants traités n’avaient jamais reçu une vaccination de base.

Les services fournis par les cliniques mobiles sont également abordables.

Les habitants de Kajiado paient environ sept cents US pour la vaccination, tandis que des mères venant pour des contrôles prénatals paient un peu plus de 40 cents.

Et pour celles qui trouvent ces prix trop élevés, des prestations peuvent être assurées.

’’Dans ces conditions, nous étudions les cas. Si elles n’ont vraiment pas d’argent, nous les traitons, et nous leur demandons ensuite d’aller chercher de l’argent. Parce que nous recevons parfois des médicaments gratuits du ministère de la Santé, nous pouvons renoncer aux frais pour les pauvres’’, affirme Julius Sazia, l’infirmière en charge du dispensaire de l’AIC.

La situation au Centre de santé de Loodokilani, un centre gouvernemental au Mile 16, illustre par ailleurs l’utilité des services fournis par les cliniques mobiles.

Aussi bien les habitants qui fréquentent la clinique que les employés se plaignent du manque d’effectif. Deux agents de santé seulement sont de service pour s’occuper des patients ; ils travaillent seuls, se relayant à tour de rôle.

’’Je suis supposée dispenser des soins prénatals, faire des vaccinations et également des tests de dépistage de VIH pour les femmes enceintes..., (mais) je ne suis que la seule personne’’, a déclaré Anne Parsitan, une infirmière dans le centre, où on pouvait voir une file de femmes enceintes attendant, à côté des mamans ayant des bébés en pleurs qui avaient besoin de vaccinations. Dehors, des couples attendent pour recevoir des conseils au sujet du VIH/SIDA.

Samedi est le jour le plus animé au Centre de santé de Loodokilani, comme c’est le jour de marché. Aussi bien Parsitan que son collègue, Abel Awuanda, soignent environ 100 personnes les samedis.

Actuellement, le Kenya connaît une pénurie d’environ 13.000 agents de santé, la majorité d’entre eux des infirmiers, selon le vice-ministre de la Santé, Wilfred Machage.

Les autorités déclarent que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international leur ont demandé de geler le recrutement de nouveaux agents.

Mais au milieu des pénuries de personnel dans des hôpitaux et dispensaires, le gouvernement a toutefois dépensé des millions de dollars dans l’achat de voitures luxueuses pour de hauts responsables après son arrivée au pouvoir en décembre 2002.

Un rapport publié plus tôt cette année par Transparency International, l’institution de lutte contre la corruption, et la Commission nationale kényane des droits de l’Homme a noté que les autorités avaient déboursé à peu près 12 millions de dollars en 2003 et 2004 pour acheter des véhicules pour des ministres, leurs adjoints et des secrétaires permanents. Une directive a été publiée plus tard pour que certaines de ces voitures soient retournées.

Plus récemment, le parlement a voté pour l’augmentation du salaire mensuel de Mwai Kibaki de quelque 27.000 dollars à 46.000 dollars, y compris les primes — ceci dans un pays où environ 56 pour cent de la population vit avec moins d’un dollar par jour.

Kibaki a rejeté l’augmentation de salaire, affirmant qu’il y avait d’autres projets ayant besoin de financement urgent — ceci après que la décision du parlement a suscité un tollé général.

’’Je ne comprends pas que le gouvernement ne puisse pas installer l’électricité ou investir dans l’énergie solaire pour permettre aux dispensaires d’offrir des services de base comme la vaccination, alors qu’il peut augmenter, par de grosses marges, les salaires de ses responsables’’, a déclaré Stanley Sayo, un habitant de Sigiraini, à environ 20 kilomètres de Mile 46.