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PALESTINE

Une conférence pour la paix ?

Samedi 6 octobre 2007, par Khaled Amayreh

Le Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, a menacé, en privé, de démissionner si la prochaine conférence de paix internationale parrainée par les Américains à Annapolis, Maryland, se terminait par un échec.

Selon des sources parmi les proches d’Abbas, le dirigeant palestinien s’inquiète de plus en plus d’un affaiblissement de sa crédibilité auprès des Palestiniens, y compris auprès des membres de son propre parti, le Fatah, dans le cas d’un fiasco de la conférence tant annoncée.

La menace de démission d’Abbas a été largement annoncée, bien qu’on ne sache pas exactement si c’est vrai ou si c’est du bluff pour signaler à Washington et à Tel Aviv que l’Autorité Palestinienne en a déjà marre des stratégies de blocage des Israéliens, ainsi que du refus de l’Amérique d’exercer une pression signicative sur Israel pour qu’il mette fin à ses 40 ans d’occupation de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et de Jérusalem Est.

Abbas s’inquiète également d’un éventuel échec de la supposée conférence de paix, comme de nombreux experts le prédisent, car alors l’administration Bush ne sera plus en mesure d’exercer une pression sur Israel. Avec les élections de 2008 toutes proches, Bush deviendrait un canard boiteux.

Pendant ce temps, il y a des annonces non confirmées de Washington que l’administration américaine pourrait repousser la conférence de paix à fin novembre ou même à décembre pour tenter de donner plus de temps à Abbas et au Premier Ministre israélien, Ehud Olmert, pour résoudre leurs différends.

Si cela est vrai, le retard pourrait mener à une annulation de la conférence si Olmert et Abbas n’arrivent pas à accomplir des progrès dans leurs discussions.

Les dirigeants palestiniens et israéliens n’ont, pour l’instant, pas réussi à élaborer un cadre conceptuel commun pour un accord de paix éventuel entre les deux camps.

Le retard annoncé justifierait également les réserves exprimées récemment au Moyen-Orient, en particulier par les dirigeants égyptiens et saoudiens, disant que la prochaine conférence en préparation manque des bases nécessaires au succès.

Abbas et Olmert, en collaboration avec leurs équipes de négociation respectives, devaient se réunir mercredi à Jérusalem Ouest, afin de se mettre d’accord sur une déclaration de principes, ou même sur une déclaration commune qui pourrait être publiée avant la conférence d’Annapolis.

Pourtant, il existe de sérieuses divergences, qui, dans certains cas, reviennent pratiquement à des contradictions, entre les deux camps quant au contenu de la déclaration.

Abbas insiste sur le fait qu’Israel et l’Autorité Palestinienne doivent arriver à un "accord général" ou à une "concordance" sur les questions "essentielles" qui définissent le conflit Palestino-Israélien. Celles-ci incluent une fin de l’occupation qui a commencé en 1967, le démantèlement des colonies juives, une définition du statut de Jérusalem-Est et la situation difficile des cinq millions de réfugiés palestiniens.

Olmert a une compréhension différente de ce qui doit être fait à ce stade. Selon des sources israéliennes, le Premier Ministre israélien fait pression sur les dirigeants de l’Autorité Palestinienne pour qu’ils signent une déclaration "d’intention" plutôt qu’une déclaration de "principe".

Hani Al-Masri, un analyste politique palestinien explique les différences. "Une déclaration d’intention est non contraignante, générale et vague. Olmert ne veut pas s’engager dans quoi que ce soit de concret en ce qui concerne la fin de l’occupation. C’est pourquoi je pense que les Palestiniens ne devraient pas participer à la conférence."

L’inquiétude grandissante, poursuit Al-Masri, c’est qu’Israel, en connivence avec l’administration Bush, essaye de changer les références légales sur lesquelles est basé l’ensemble du processus de paix.

"Jusqu’à récemment, tout le monde parlait des résolutions 242 et 338 de l’ONU comme base du processus de paix. Maintenant, il semble que la vision du Président Bush de deux états vivant côte à côte soit devenue la principale référence".

"Ce serait un désastre pour la cause palestinienne. Cela signifie qu’Israel pourrait conserver de grands secteurs de la Cisjordanie Occupée, y compris une grosse partie de Jérusalem-Est", a-t’il déclaré à Al-Ahram Weekly

On ne sait pas non plus pourquoi l’Autorité Palestinienne insiste sur une nouvelle déclaration de principe, étant donné que les parties sont vraisemblablement toujours liées aux Accords d’Oslo.

Les intellectuels et journalistes politiques palestiniens accusent déjà Abbas de jouer le jeu des Israéliens en acceptant de se livrer à une pré-négociation prolongée avec Israel ce qui, selon eux, compromettra la position globale des Palestiniens face aux questions clés.

Pour leur part, les responsables israéliens ont invité les Etats arabes à ne pas être plus Palestiniens que les Palestiniens.

Le ministre israélien des Affaires Etrangères, Tzipi Livni, s’est plaint, lors d’une visite à New York cette semaine, que la position de certains Etats arabes encourageait les Palestiniens et par conséquent empêchait la paix.
Livni a invité la direction de l’Autorité Palestinienne à être "réaliste", en suggérant que les demandes palestiniennes d’un retrait total des Territoires Occupés des Israéliens conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU étaient foutues d’avance.

En s’adressant à l’Assemblée générale des Nations-Unies cette semaine, Livni a parlé de deux Etats, la Palestine pour les Palestiniens et Israel pour des Juifs, remarque que certains observateurs ont interprété comme étant la porte ouverte à la possibilité d’une future expulsion d’Israel de ses à peu près 1.5 million de citoyens palestiniens.

Cette semaine le quotidien israélien Maariv a signalé qu’Olmert avait déjà obtenu d’Abbas une reconnaissance de principe d’Israel comme "Etat pour les juifs".
Des responsables palestiniens ont été déroutés quand ils ont été confrontés à la question, en insistant sur le fait qu’une reconnaissance d’Israel en tant qu’Etat juif n’impliquait aucune discrimination envers la large minorité palestinienne d’Israel

Tout en exprimant leur désir pour un paix définitive, durable et juste avec Israel, les responsables de l’Autorité Palestinienne restent pessimistes sur les perspectives de conclure rapidement un tel accord.

"Il est trompeur de parler des vides et des points de différences entre les Palestiniens et Israel. Nous n’avons aucun accord sur les questions de base, donc il est erroné de parler de combler les vides", aurait déclaré le négociateur palestinien en chef, Saeb Ereikat.

Ereikat croit que toute véritable avancée dans les discussions Israel exigera "une intervention américaine massive", et que cela semble plus éloigné que jamais.

Alors qu’Abbas et ses collaborateurs insistent sur le fait que tout accord de paix avec Israel doit inclure la création d’un Etat palestinien sur 100% de la Cisjordanie, Olmert insiste sur le fait que les grandes lignes d’une déclaration de principes doivent inclure la lettre de garantie de George Bush à Sharon du 4 avril 2004 ainsi que la Feuille de Route.

Bush a promis que dans le contexte d’un accord de paix de statut final avec les Palestiniens, Israel aurait le droit de conserver "des concentrations de population juive", principales en Cisjordanie, une référence claire aux colonies juives établies sur la terre arabe occupée.

Les Palestiniens et les Arabes considèrent cette promesse comme clairement incompatible avec le droit international, et une évidence de la partialité de Washington envers Israel.

Source : http://weekly.ahram.org.eg/
Traduction : MG pour ISM