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Yogyakarta et Bantul frappés par le séisme

Sumatra, Java : l’urgence d’une politique de prévention face aux tremblements de terre

Lundi 5 juin 2006, par Pierre ROUSSET

Après Sumatra, c’est l’île de Java qui est aujourd’hui victime d’un violent tremblement de terre. Selon les spécialistes, il est à craindre que l’archipel indonésien n’entre dans une phase sismique critique. Ce qui, au-delà des secours d’urgence, pose avec acuité la question des politiques de prévention.

Le séisme a frappé le 27 mai 2006, à l’aube, avec une puissance élevée (6,3 sur l’échelle de Richter). Bien que relativement localisé, il a fait, selon les premières estimations des autorités, plus de 5.000 morts, 20.000 blessés et quelque 200.000 sans-abri. Une pluie inhabituelle pour la saison est venue aggraver la situation des populations sinistrées. Yogyakarta, ville universitaire et historique dans le centre de Java, a été touchée, ainsi que des campagnes densément peuplées dans la région de Bantul. Les informations qui nous sont parvenues, à l’heure où cet article est écrit, restent fragmentaires. Mais elles soulèvent une question, récurrentes lors catastrophes naturelles : les inégalités géographiques et sociales face à la prévention.

Un petit détail relevé par le correspondant du quotidien français Le Monde (dans l’édition datée du 30 mai), illustre cette évidence. A Bantul, les maisons cossues des gros commerçants ont résisté, pas celles des paysans plus modestes. Les murs se sont effondrés, car le ciment utilisé était trop allongé de sable : c’est « le ciment des pauvres ». Quelques hôtels intercontinentaux et centres commerciaux (construits à l’économie ?) ont aussi été endommagés.

La question des politiques de prévention se pose avec d’autant plus d’acuité que l’Indonésie constitue l’une des régions les plus sismiques et des plus volcaniques du globe : la plaque tectonique indo-australienne passe ici sous la plaque eurasienne continentale. Or, l’île voisine de Sumatra a été le théâtre d’importants tremblements de terre en 2004 et 2005, ce qui fait craindre à des spécialistes que la zone de contact ne soit en train d’entrer en phase « critique » : nous serions alors, en Indonésie, au début d’un cycle de ruptures successives et dévastatrices - avec en sus la menace d’éruptions volcaniques comme, non loin de Yogyakarta, celle que fait actuellement planer le Merapî.

Si tel est le cas, la population indonésienne va subir désastre après désastre, si aucune politique publique de prévention n’est mise en œuvre à l’échelle internationale. La prévention aussi est aujourd’hui une affaire d’urgence.