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ÉGYPTE

Répression de l’opposition démocratique

Mercredi 21 mars 2007, par Sabah Sabet

Jeudi, au centre du Caire. Plusieurs centaines de militants du mouvement d’opposition Kéfaya prennent la direction de la place Tahrir, au Caire, où devait démarrer une manifestation organisée par le mouvement contre les amendements constitutionnels prévus et actuellement soumis au Parlement. Mais les forces de l’ordre, qui avaient bloqué tous les accès du centre-ville, les empêchent de passer.

Des heurts éclatent entre policiers et militants. Plusieurs dizaines de manifestants sont arrêtés. Les forces de l’ordre avaient occupé dès la veille toute la zone du centre-ville et fermé les accès du métro souterrain. Les organisateurs de la manifestation avaient alors décidé de se diriger vers place Talaat Harb. Mais là encore, plusieurs centaines de policiers sont déployés, armés de matraques. « Les manifestants ont été bloqués dans la rue Karim Al-Dawla, au centre-ville, et se sont retrouvés face aux forces de sécurité », explique Georges Ishaq, membre de Kéfaya. Les responsables du mouvement assurent même qu’ils ont fait l’objet de menaces. « Nous avions reçu des menaces par téléphone nous incitant à ne pas organiser la manifestation. On nous a dit que si la manifestation était maintenue, la réaction des forces de l’ordre envers les manifestants serait différente des fois précédentes et que la confrontation serait plus difficile », affirme pour sa part Abdel-Wahab Al-Messeiri, coordinateur général du mouvement Kéfaya. Il ajoute que ces menaces ont été réellement mises à exécution. 46 membres de Kéfaya et un certain nombre de journalistes ont été arrêtés par les forces de l’ordre durant la manifestation. Ils ont été libérés jeudi et samedi sur ordre du Parquet.

Kéfaya et l’amendement constitutionnel

Créé en 2004, Kéfaya se veut un mouvement pro-démocratique, voire avant-gardiste.

L’amendement constitutionnel actuellement examiné par le Parlement soulève des réactions controversées au sein de la classe politique. L’opposition considère qu’il ne répond pas aux exigences d’une vraie démocratie. Mais ce qui est clair dans cet incident, c’est la fermeté de l’Etat face aux manifestations de l’opposition, aujourd’hui sujette aux critiques. « Le droit de manifester est garanti dans tous les pays démocratiques. Comment l’Etat prétend-il vouloir initier une réforme démocratique et en même temps utilise les menaces et la répression pour nous empêcher de manifester pacifiquement », s’insurge Abdel-Halim Qandil, membre de Kéfaya. Si le gouvernement à un certain moment tolérait les manifestations, cela ne semble plus être le cas aujourd’hui. « La manière forte a toujours été le moyen utilisé par l’Etat. Si durant une courte période, les manifestations n’étaient pas réprimées, c’est parce que celui-là était soumis à des pressions externes importantes notamment américaines afin d’engager des réformes démocratiques. Or, ces pressions n’existent plus aujourd’hui et l’Etat est revenu à ses anciennes méthodes », affirme-t-il.

Le président américain George Bush avait en effet critiqué en 2005 l’utilisation de la force contre les manifestants pendant les élections présidentielles. Mais ce ton avait graduellement diminué avec notamment des affirmations de Bush, selon lesquelles il soutenait les régimes arabes. « L’option sécuritaire a toujours été dominante », estime Qandil. Occupé par son bras de fer avec les Frères musulmans, l’Etat ne semble pas être disposé à faire face à un nouveau front de contestation. « L’Etat ne veut pas de bruit sur la question de l’amendement, c’est pourquoi il essaie d’utiliser la manière forte avec nous », estime Georges Ishaq. « Mais nous sommes déterminés à continuer notre lutte », insiste Qandil affirmant que le mouvement prévoit organiser de nouvelles manifestations pour protester contre les amendements constitutionnels et ce dans plusieurs gouvernorats.


Voir en ligne : http://hebdo.ahram.org