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Réorientation du Parti communiste du Népal

Entrevue avec le Président Prachanda

Lundi 3 avril 2006, par Siddharth VARADARAJAN

En avril, le Parti communiste du Népal en alliance avec les partis parlementaires s’apprête à déclencher une série de manifestations contre la monarchie. Le PC contrôle déjà une grande partie du pays. Le Président du Parti Prachanda a rencontré le journaliste indien Siddharth Varadarajan.

Par Siddharth Varadarajan

(Extraits d’une entrevue publiée par The Hindu, 8-0-10 février 2006)

Le PCN-M mène la lutte armée depuis dix ans et depuis le pays a sombré dans la violence. Quels sont vos principaux accomplissements ?

Notre peuple vit sous le joug féodal depuis 250 ans. La guerre populaire a aidé à briser cette structure féodale dans les régions rurales. Le Népal s’apprête à entrer dans une phase de progrès socio-économiques car nous allons établir une structure républicaine et démocratique.

Récemment, votre parti s’est prononcé pour une démocratie multipartidaire. Pourquoi ?

Il y a trois ans, nous avons décidé que notre tâche principale était de développer la démocratie et que cela se ferait dans le cadre d’une compétition politique. En août dernier, nous avons offert une nouvelle alliance aux partis parlementaires. Notre guerre populaire n’était pas contre la démocratie multipartidaire, mais contre l’autocratie féodale.

Est-ce que cette décision est motivée par l’impossibilité de prendre le pouvoir par la force ?

Il faut prendre note des rapports de forces politiques et militaires dans le monde aujourd’hui. Nous voyons la démocratie multipartidaire dans un contexte spécifique, qui n’est pas simplement une démocratie bourgeoise. Cette démocratie multipartidaire sera anti-impérialiste et anti-féodale. La lutte armée est nécessaire, de même que l’unité dans l’action avec les partis politiques contre la monarchie.

Si le roi annonce demain qu’il s’en va et que des élections sont déclenchées, est-ce que le PCN va y participer ?

Oui. Nous participerons aux élections si elles sont libres et ouvertes. Notre revendication minimale est une assemblée constituante. Si par contre le roi dit, venez avec nous pour constituer un gouvernement intérimaire, alors nous dirons non.


Est-ce que votre alliance avec les partis parlementaires est seulement tactique ?

Notre décision en faveur de la démocratie multipartidaire est stratégique. Nous pensons que la démocratie est nécessaire dans un État communiste. Certains ont des doutes parce que nous avons notre armée. Nous sommes prêts à réorganiser cette armée et de la fondre dans une nouvelle armée népalaise. Nous allons nous battre pour une démocratie populaire par des moyens pacifiques. Nous accepterons le verdict des élections.

On vous accuse parfois de nuire à la lutte démocratique par vos actions armées. Ne pensez vous pas que cela est utilisé par le roi ?

La question est compliquée. L’action unifiée contre la monarchie est parfois mal synchronisée. Le roi a tenté d’empêcher nos manifestations pacifiques. Il a banni les marches. Il y a aussi des contradictions entre le roi et l’armée. Nous sommes pour une solution politique. Nous pensons qu’il y a des éléments honnêtes dans l’armée qui pourraient faire pression sur le roi.

Êtes-vous en faveur d’une intervention internationale ?

Oui, mais pas une intervention militaire. Nous voulons une présence internationale pour superviser les élections. Nous voyons positivement l’évolution de la politique de l’Inde envers le Népal. Le gouvernement indien semble prendre position contre l’autocratie même si officiellement il appuie encore le principe d’une monarchie constitutionnelle. Nous lui demandons aussi de libérer les prisonniers politiques népalais qui sont détenus en Inde. À un autre niveau, le rôle des Etats-Unis est négatif. Ils veulent nous écraser. Ils veulent contrôler le Népal qu’ils voient comme une zone importante entre la Chine et l’Inde.


Comment voyez-vous le monde aujourd’hui ?

Nous pensons qu’une nouvelle vague révolutionnaire pointe à l’horizon. La première vague a commencé avec la révolution russe et s’est terminée avec la révolution culturelle en Chine. Une deuxième vague approche. Les Etats-Unis sont dans une phase descendante. En Amérique latine, la lutte contre l’impérialisme prend force au Venezuela, au Brésil, en Bolivie, au Chili. En Asie du Sud, la résistance s’accroît.