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Pourquoi Chávez est-il si populaire ?

Jeudi 27 avril 2006, par Thomas CHIASSON-LEBEL

Malgré le portrait autoritaire qu’en font les médias du Nord, un récent sondage de la North American Opinion Research donne actuellement à Hugo Chávez 66% des intentions de vote en vue des élections présidentielles, qui auront lieu en décembre prochain au Venezuela. Les nombreux programmes sociaux mis en place par le chef d’État vénézuélien ne semblent pas étrangers à cette grande popularité.

Visite des quartiers défavorisés de Caracas.

CARACAS – Marica Mujica participe régulièrement aux travaux du comité de santé de son secteur, en périphérie de Caracas. Son implication dans un programme local de développement a suscité chez elle un vif intérêt pour les prochaines élections : « Avant, rien ne me préoccupait, j’arrivais à la maison et je me couchais. Maintenant, non ! Quand arrivent les élections, il faut travailler pour défendre les votes de cette révolution ». Le comité de santé auquel elle prend part s’inscrit dans le cadre du programme Barrio Adentro (« dans le quartier »), qui établit des cliniques médicales un peu partout au Venezuela, particulièrement là où l’accès aux soins de santé a été négligé par le passé.

Médecins cubains

Ce sont des médecins cubains qui pratiquent dans ces cliniques, toutes semblables : de petits édifices de briques rouges à base hexagonale. Les médecins viennent appuyer un programme de santé, tel qu’entendu entre Caracas et La Havane. En échange, le gouvernement vénézuélien offre, à prix préférentiel, du pétrole à Cuba.
L’organisation de chacune des cliniques appartient néanmoins aux communautés bénéficiaires, responsables de former des comités. Après avoir fait la demande d’une clinique, ces comités s’assurent ensuite de certaines tâches, dont l’entretien et l’organisation d’ateliers de santé publique pour favoriser la prévention.
Le défi de Marica est que les services se rendent à la communauté, explique-t-elle « Le système devenait privé. Ceux qui avaient une assurance privée y avaient accès. Ceux qui n’en avaient pas devaient se rendre jusqu’à l’hôpital Teresa Careño », situé beaucoup plus loin.
Professeure à l’école de sociologie de l’Université centrale du Venezuela, Gloria Marrero souligne toutefois que l’implantation du programme a connu certaines difficultés. Dans les régions à plus forte densité autochtone, l’adaptation de la formule de la clinique à la culture indigène ne se fit pas sans embûches.

Les missions en éducation

La mission d’alphabétisation Robinson (éducation aux adultes ??) est sans doute la plus connue du secteur de l’éducation. En fonction depuis juin 2003, la mission est parvenue, selon les chiffres du gouvernement vénézuélien, à alphabétiser près d’un million et demi de personnes. Les écoles sont maintenant occupées à pleine capacité, accueillant les élèves réguliers le jour, utilisées par les missions les soirs et fins de semaines. L’efficacité de ce programme lui a d’ailleurs valu les félicitations de Koichiro Matsuura, directeur de l’UNESCO, lors de la journée nationale de l’alphabétisation au Venezuela.
D’autres programmes visent également à faciliter l’accès à l’éducation primaire (Robinson 2), secondaire (Ribas) et universitaire (Sucre). À l’école Armando Zuloaga Blanco, un étudiant s’être inscrit à la mission « parce que mes filles sont à l’école, et elles préfèrent vivre leur vie […] en allant moi aussi à l’école, je leur donne l’exemple. »
La méthode d’enseignement Yo si puedo (« Oui je peux ») provient encore une fois de Cuba. Elle est constituée de vidéoclasses projetées devant le groupe, accompagné d’un facilitateur qui aide les participants à bien cheminer.
Certains reprochent néanmoins aux missions d’éducation leur bas niveau d’enseignement, notamment dû aux faibles qualifications des facilitateurs. La réussite du programme de la mission Ribas ne dépend pas d’examens, mais de l’assistance aux cours, supposant ainsi que ceux qui s’inscrivent dans le processus sont ceux et celles qui ont le désir d’apprendre. Toutefois, il y a peu de contrôle des apprentissages.

Mais le facilitateur à l’école Armando Zuloaga Blanco, préfère parler de ses succès. Il étudie maintenant le droit à la mission universitaire Sucre : « Dans mon groupe, les quatre premiers de classe sont tous, comme moi, des gradués de la mission Ribas ». L’étudiant souligne aussi que les facilitateurs, sans être des professionnels de l’enseignement, présentent pourtant l’avantage de créer une communauté de bénévoles intéressés à contribuer à l’éducation de leurs pairs. Et pour Chávez, qui désire ouvertement recueillir 10 millions de votes lors des prochaines élections, ces dynamiques communautaires pourront fort probablement se transformer en appuis populaires non négligeables…