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QUÉBEC

Les défis du mouvement social dans le débat sur l’immigration

Vendredi 9 novembre 2007, par par le CAP *

Un débat a été lancé au Québec il y a quelques mois quand la municipalité d’Hérouxville a fait les manchettes en affirmant que l’immigration musulmane représentait un grave danger pour « nos valeurs ». Au début, cela ne semblait pas très sérieux. Mais par la magie des médias, l’affaire a enflammé l’imagination. « Il y a trop d’immigrants ». « Les accommodements sont en train de devenir « déraisonnables ». « Les Musulmans n’ont qu’à se conformer aux us et coutumes locales, et pas l’inverse ». Le ton est devenu agressif, polémique. Comme si la société québécoise était confrontée à un danger terrible. C’est sur ce fond controversé qu’a été mise en place la Commission Bouchard-Taylor, qui doit se concentrer sur les relations intercommunautaires et les degrés de tolérance ou d’intolérance de part et d’autre.

Par le Collectif d’analyse politique (CAP)

En ce qui nous concerne nous voulons intervenir à un autre niveau du débat. Nous pensons que, au-delà des attitudes et des comportements, il y a dans notre société des changements en profondeur. Ce n’est pas un hasard que cette polémique « éclate » au Québec, comme cela est d’ailleurs le cas dans plusieurs pays capitalistes avancés. Nous voulons donc concrètement aborder des questions qui peuvent éclairer le débat actuel à partir d’une perspective plus large :

  Quelle est la place de l’immigration dans le contexte du capitalisme contemporain ?
  Pourquoi les aspects sécuritaires et identitaires sont-ils dramatisés et controversés ?
  Pourquoi le débat se cristallise-t-il sur les Musulmans ?
  Quels sont les enjeux à court et à long terme pour les mouvements sociaux ?

(1) Immigration et développement capitaliste

En 2005 selon l’ONU, près de 200 millions de personnes (3% de la population mondiale) étaient des immigrants. Chaque année, ces chiffres gonflent. Des millions de personnes quittent leurs foyers, ce qui représente la plus grande migration de l’histoire. Elles le font par nécessité, ou pour espérer mieux vivre ailleurs, même si elles savent que cette mutation est périlleuse et coûteuse. Elles le font aussi parce qu’il est possible de migrer : le capitalisme contemporain dans sa forme néolibérale a besoin d’accentuer ce que les pouvoirs appellent précautionneusement la « mobilité de la main d’œuvre ».

Les nouveaux besoins du capitalisme contemporain

Sur bien des aspects, le capitalisme contemporain, le néolibéralisme, procède à une profonde restructuration du travail et du monde du travail, considéré comme une ressource, une marchandise, un objet qu’il faut rentabiliser. Or cette restructuration implique un influx gigantesque de nouveaux « bras » et de nouvelles « têtes », d’une part pour répondre aux nouveaux besoins de l’accumulation capitaliste, et d’autre part pour faire face aux changements démographiques dans les pays capitalistes.

Des « bras »

Le cycle actuel d’accumulation du capital requiert une abondante main d’œuvre peu qualifiée, dans l’agriculture, la construction et les services privés et personnels. Or en Amérique latine, en Afrique et en Asie, de gigantesques « surplus » de population proviennent de la destruction de la paysannerie pauvre. De l’autre côté, dans les pays capitalistes, il faut beaucoup de bras pour des emplois peu payés, peu gratifiants, souvent dangereux. Ces emplois, contrairement à ce qui s’offrait pour la vague précédente d’immigration, ne sont pas dans l’industrie manufacturière, sont instables, peu syndiqués et difficilement syndicables. La main d’œuvre se doit d’être mobile, précaire, dans une situation où les droits du travail et les droits sociaux en général sont revus à la baisse. Les immigrants qui sont toujours plus vulnérables que les autres composantes des classes populaires sont donc « adéquats » pour régler ce problème de main d’œuvre à bon marché.

Et des « têtes

À un deuxième niveau, le capitalisme a besoin de main d’œuvre qualifiée et même très qualifiée. Il est alors rentable de récupérer la main d’œuvre qualifiée chez les autres pays. Ce phénomène certes ne date pas d’hier (le « brain-drain »). Mais le processus s’accélère, d’autant plus que l’économie du « savoir » est celle où se concentre en grande partie l’accumulation du capital. Il faut des quantités industrielles de main d’œuvre qualifiée en informatique, dans le biomédical, dans l’ingénierie. Il faut donc beaucoup de nouveaux immigrants dans ce domaine, d’autant plus qu’une partie importante de la main d’œuvre qualifiée dans les pays capitalistes est à la veille de la retraite dans un contexte où les changements démographiques ont un effet sur la disponibilité de la main d’œuvre.

Le « modèle » états-unien

Certes, ce phénomène de l’immigration à l’ombre du néolibéralisme est beaucoup plus massif aux États-Unis. Présentement dans ce pays, on compte plus de trente millions d’immigrants « légaux » et probablement autant d’« illégaux ». Entre les légaux et les illégaux, la frontière devient poreuse, à cause de politiques qui soufflent à la fois le chaud (légalisation) et le froid (criminalisation) de façon à forcer ces immigrants à accepter des conditions en-dessous des normes acceptées. Selon diverses estimations, plus de 60% des emplois non qualifiés aux États-Unis seront occupés par les immigrants d’ici dix ans.

(2) Le contexte canadien

La restructuration capitaliste au Canada appelle également une augmentation des flux, où 250 000 personnes immigrent légalement chaque année. Le nombre d’illégaux, encore réduit, est en hausse substantielle (surtout d’Asie). Il faut aussi inclure dans ces flux une population immigrante à contrat fixe, encore restreinte, mais importante dans le secteur agricole, principalement au Québec et en Ontario. Bref au total, la proportion immigrante (selon le dernier recensement ) augmente sans cesse. En 2017, 22% des Canadiens et des Canadiennes (contre 18,3% aujourd’hui) seront des immigrants et des immigrantes. C’est un sommet depuis 1920.

Discrimination par le revenu

Comme ailleurs, cette population immigrante est segmentée. Les immigrants non-qualifiés sont dans le secteur des services privés et l’agriculture. Et les immigrants qualifiés sont dans l’ingénierie, l’informatique, la médecine, l’enseignement universitaire. Fait à noter, même en tenant compte du pourcentage élevé de diplômés universitaires pour les nouveaux immigrants, leurs revenus restent inférieurs de 10%, en moyenne, à ceux des autres populations canadiennes. Autre indicateur important, 15% de la population immigrante vit en dessous du seuil de la pauvreté : c’est le double du pourcentage national.

Discrimination par l’exclusion

Au Québec, cette situation n’est pas sensiblement différente que dans le reste du Canada. Il faut cependant dire que les politique adoptées par les gouvernements québécois ont promu, sur le papier en tout cas, une plus grande intégration. Celle-ci devait venir, pensait-on d’une « bonne entente » interculturelle et se distinguait du « modèle » canadien (l’approche multiculturelle), et se voulait une alternative au ghettoïsme critiqué par plusieurs. Certes, l’intention était valable. Mais en réalité, les impacts n’ont pas permis à beaucoup d’immigrants et d’immigrantes au Québec de trouver leur place dans la société. Une trop grande proportion d’entre eux sont placés en marge en termes de conditions de vie et de travail même si leurs qualifications devraient leur permettre d’espérer une meilleure vie.

Tout le monde contre tout le monde

De fait, les structures sociales capitalistes, au Québec comme au Canada, continuent de reproduire l’inégalité. Que les accommodements soient raisonnables ou déraisonnables, la réalité demeure marquée au fer rouge et cela s’appelle la discrimination. La logique du capitalisme tend ainsi à mettre en place une guerre de tous contre tous, où il devient rentable de jouer les travailleurs du monde les uns contre les autres. Ce qui veut dire en clair que la logique capitaliste vient créer ou accentuer des clivages au sein des classes populaires. Immigrants contre « natifs », hommes contre femmes, blancs contre noirs, tout le monde contre tout le monde, ce qui maintient l’ordre dominant en place.

Tout le monde est égal, mais il y en a qui sont plus égaux que d’autres
Dans notre société dite « égalitaire », tout le monde n’est pas réellement « égal ». À bien des égards, la société reste structurée autour d’une culture qui reflète les intérêts de la classe dominante. Les populations blanches et chrétiennes (et au Québec, majoritairement francophones) s’attribuent des droits particuliers en tant que « peuples fondateurs ». Même si, dans les faits, le peuplement du Canada s’est élaboré comme un immense métissage, non seulement entre francophones et anglophones, mais d’abord avec les populations autochtones et tous ceux qui sont venus d’ailleurs depuis. L’idée de « peuples fondateurs » ayant des droits supérieurs est incongrue dans un contexte où il n’y a pas si longtemps, les peuples autochtones ont été subjugués par des « immigrants » venus de l’autre côté du monde et accueillis de gré ou de force par les Amérindiens. Devant cette impasse, certains penseurs tentent d’éviter ce piège en faisant la promotion de la nation « civique » : tout le monde qui vit au pays en devient un membre à part entière. En autant qu’on puisse partager une série de normes élaborées collectivement à travers un débat public riche, une volonté de « vivre-ensemble » et d’autres contraintes mutuellement acceptées et mutuellement acceptables.

Zone de non-droits

Mais d’autres proposent un message discriminant. « Les immigrants sont d’abord et avant tout venus d’ailleurs », disent-ils. Même leurs enfants, qui sont souvent nés ici, gardent la « stigmate » du fait de l’origine de leurs parents. Dans cette vision étriquée, la condition immigrante devient une identité fermée. Les immigrants ont des droits, mais seulement si et dans la mesure où ils acceptent de se conformer, pour ne pas dire, de s’assimiler selon le modèle états-unien, le fameux « melting pot ». En pratique, en constatant ce qui se passe aux États-Unis, on voit bien la limite de la chose. Les immigrants et leurs descendants qui « réussissent » sur le plan économique (une minorité) s’en tirent mieux. Mais les autres (la majorité) restent des « immigrants », de génération en génération. Ils ne deviennent jamais vraiment des citoyens « comme les autres ».

(3) Le débat sur l’identité

Aujourd’hui (ce n’était pas le cas dans le passé), les flux immigrants proviennent très majoritairement des pays du tiers-monde. À l’échelle canadienne, 47% de la population déclare maintenant une autre origine ethnique que britannique ou française. Dans plusieurs grandes villes, la couleur de la population a changé. Avec cette réalité viennent d’autres « marqueurs » qui permettent de singulariser, et donc de plus facilement discriminer et discipliner la main d’œuvre immigrante. Le facteur racial n’est pas négligeable, par exemple. Selon la plupart des études récentes, les populations caribéennes et africaines, toutes professions confondues, restent en bas de l’échelle sociale et salariale.

Le « facteur musulman »

Par ailleurs, une partie considérable de cette « nouvelle » immigration provient de régions principalement habitées par des Musulmans, en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient. Selon les projections actuelles, on comptera (dans dix ans) 1,8 million de Musulmans au Canada, majoritairement concentrés dans les trois grandes villes du pays (Toronto, Vancouver et Montréal). Ces populations proviennent souvent de régions turbulentes (Palestine, Irak, Afghanistan, Pakistan, etc.). Une proportion non négligeable de ces populations qui arrivent au Canada est composée de réfugiés qui fuient la guerre, l’occupation, les atrocités.

« Minorités visibles » ?

De manière générale, les Musulmans immigrants, comme la majorité des immigrants, vivent leur vie quotidienne sans se différencier du reste de la population. Certes, l’identité religieuse (pour les Musulmans comme pour les autres) s’exprime par des traditions, des mémoires, des points de repère qui sont souvent les grandes fêtes religieuses, ainsi que des habitudes culinaires et vestimentaires. De temps en temps, ces différences culturelles, qui comptent généralement peu dans la vie quotidienne, sont exacerbées. Elles sont ou bien manipulées par des projets qui cherchent à exagérer les « marqueurs » des identités, ou alors, elles sont utilisées pour contrôler ou manipuler d’autres sortes de conflits.

Un débat mal parti sur les « valeurs »

En fin de compte, il faut admettre que notre société, à bien des égards, n’est pas « radicalement » séculière. Cette sécularisation de la société reste sans doute un lointain objectif qui viendra, non pas de décrets ou de discriminations, mais à travers des changements dans la société, et sur la base de nouvelles valeurs comme l’égalité, la solidarité, l’internationalisme. En attendant, la trace du religieux dans nos vies quotidiennes demeure un aspect important de la société. Que des Musulmans désirent afficher leur religion n’est pas acceptable, nous dit-on. Alors que de mille et une manières, si ce n’est que dans le calendrier officiel, les références chrétiennes abondent. Ce qui est juste pour les uns cesse de l’être pour les autres. Il devient alors facile d’exacerber les différences en prétendant que les Musulmans refusent « nos » valeurs et doivent être sanctionnés pour cela. Dans les faits, il est impossible de construire des « valeurs communes » sur la base de la religion, même si une religion en particulier est pratiquée par la majorité de la population.

De l’antisémitisme à l’islamophobie

Il faut se souvenir qu’une politique similaire a été utilisée par les dominants tout au long du XXe siècle. À l’époque, certains secteurs des élites économiques et politiques liés à des aventuriers de droite ont avancé un message simple : le problème, c’est le juif. Ce juif est le ploutocrate, le voleur, le riche exploiteur. Et en même temps, il est le communiste, l’ennemi de la religion et de la propriété, le subversif. Ainsi, l’antisémitisme sous cette forme a largement monopolisé l’espace public. Sous le régime de Duplessis au Québec pendant les années 1950, un discours haineux contre les Juifs était courant. La répression s’abattait sur d’autres minorités religieuses, les Témoins de Jéhovah par exemple. Mais le véritable ennemi des dominants était toutefois le mouvement syndical qu’on accusait d’être à la solde des Juifs et des communistes. Or aujourd’hui, l’ennemi affiché, c’est le Musulman. Il est visible parce qu’une petite minorité de Musulmans se distinguent par l’habillement et la coiffure. Mais il est surtout visible pour une autre raison.

(4) La guerre sans fin

Pourquoi une partie de la population, qui pour la plupart vit et pense comme les autres est en train de devenir une cible ? Qu’est-ce qui les rend « intolérables » pour une frange de la population ? Il faudrait être naïf pour ne pas penser que cela n’a aucun rapport avec la guerre « sans fin » décrétée par l’impérialisme états-unien. Dans ce vaste arc des crises qui court des confins de l’Indonésie en passant par l’Asie centrale et le Moyen-Orient jusqu’aux frontières de l’Afrique, un conflit énorme est en cours et nous concerne directement.

Subjuguer et recoloniser

Dans cette partie du monde, l’empire américain a besoin d’exercer un contrôle direct, notamment sur les immenses ressources énergétiques. Cette reconquête implique une « réingénierie » de la région et la subjugation des peuples qui l’habitent. Évidemment, la résistance à cette agression est très forte, d’où les déboires actuels des armées de l’OTAN en Irak et en Afghanistan. Le Canada est partie prenante de cette agression, comme on le voit très bien en Afghanistan. Cette bataille se reproduit dans le monde des idées. L’adversaire doit être diabolisé, déshumanisé, non seulement pour pouvoir l’éradiquer et le torturer en dehors de toutes les légalités internationales, mais pour créer une impression qu’il s’agit véritablement d’une « bête à abattre ». À entendre le discours dominant, il s’agit comme le dit le politicologue conservateur états-unien Samuel Huntingdon, d’une « guerre des civilisations », la « nôtre » contre la « leur ».

L’ennemi est parmi nous

Jusqu’à un certain point, cette bataille ne se joue pas seulement à Kandahar et à Gaza. Elle se joue aussi dans les banlieues et les quartiers où se concentre l’immigration de cette région, y compris au Canada. La tension existait avant 2001, mais après les évènements du 11 septembre, tout cela s’est exacerbé. Depuis, les opérations policières et sécuritaires s’intensifient en faisant entrer l’ensemble de la société dans une zone de non-droit : détention sans procès, constitution de listes noires, certificats dits de « sécurité », harcèlement, intimidation et au pire, utilisation de moyens détournés pour placer les « suspects » dans des conditions où leur vie est à risque, comme l’a démontré l’affaire Maher Arar.

Le barbare et le barbu

Entre-temps, il faut « construire » cet ennemi. Cet immigrant musulman, non seulement dans l’imagerie de la presse démagogique, mais aussi dans le discours réactionnaire d’une certaine intellectualité, est « pervers, rusé, non assimilable ». Ses pratiques sont antinomiques avec la modernité, avec les droits (ceux des femmes surtout). L’islam est une religion par définition barbare, arriérée, par définition contre les femmes (cet argument est plutôt ridicule quand on constate la place des femmes sous l’église catholique !). Dans cet imaginaire médiatisé, la fillette voilée devient un instrument terrible aux mains des groupes islamistes-terroristes. Elle est un affront contre la « civilisation » chrétienne-occidentale. Dans ce langage agressif, il faut donc, grosso modo, confiner cette menace musulmane, la surveiller, la contrôler et éventuellement, si les personnes concernées n’acceptent pas nos « valeurs », les réprimer et les expulser.

(5) Les responsabilités du mouvement social

La nouvelle « question » de l’immigration ne survient donc pas dans un vacuum. Elle s’exprime dans un contexte politique et économique bien défini. Elle s’inscrit dans la « logique » néolibérale qui domine actuellement. Elle « accompagne » de nouveaux dispositifs géopolitiques offensifs qui préparent l’opinion à plus de guerres. Elle justifie des régressions évidentes au niveau des droits en créant un grand sentiment d’insécurité un peu partout. Tous les Hérouxville de ce monde relèvent de cette matrice de confrontation.

S’opposer à la fragmentation

Selon toute évidence, la stratégie néolibérale vise à fragmenter, « décitoyenniser » la société en autant de corridors « ethniques », religieux, communautaires, en lutte les uns contre les autres, et en plus, en lutte contre une population-cible par excellence (hier les Juifs, aujourd’hui les Arabo-Musulmans). Bien évidemment, le mouvement social doit s’opposer à cela, comme cela fut le cas dans le passé dans la lutte contre l’antisémitisme. La discrimination et l’encerclement actuels prennent cependant de nouvelles formes, au nom de la modernité et de la civilisation.

Le devoir de résister

Le mouvement social doit déjouer cette stratégie et coaliser les classes populaires, immigrantes et non immigrantes, ce qui est bien sûr une tâche de longue haleine. Il y a cependant des impératifs à court terme. Il faut absolument lutter contre toutes les discriminations formelles et informelles qui singularisent et marginalisent les immigrants (dans l’accès aux services et aux logements, l’emploi, la reconnaissance des diplômes, etc.). Il faut se battre pour la légalisation massive et rapide des « illégaux » et réfugiés en attente de statut. Il faut encourager le mouvement social, les syndicats notamment, à entreprendre un immense effort pour organiser et syndiquer les travailleurs et les travailleuses précaires, dont un grand nombre sont des immigrants. Parallèlement, il importe de se battre pour l’établissement de normes uniques et communes pour l’espace public qui excluent pour les préposés de l’État dans l’exercice de leur fonction l’utilisation de ces espaces à des fins religieuses. Il faut assurer de la défense active du français comme langue commune d’une nation québécoise plurielle et civique. Et il faut défendre les principes comme l’égalité entre les hommes et les femmes (quelque soit leur origine, religion, ethnicité), principe que ne menace pas l’immigration, mais les politiques néolibérales qui génèrent partout l’inégalité.

* Le CAP est animé par Pierre Beaudet, Philippe Boudreau, Donald Cuccioletta, François Cyr, Thomas Chiasson-Lebel, Éric Martin, Michèle St Denis, André Vincent.


Voir en ligne : http://cap.qc.ca.edu/