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NAIROBI 2007

Le syndicalisme en question

Mardi 23 janvier 2007, par Christophe AGUITON

Il y avait beaucoup de monde au séminaire sur le thème « Labour and Globalisation » à l’initiative de la CGIL, la grande centrale italienne. Pour l’essentiel des syndicalistes venus d’Europe et d’Amérique latine, mais aussi quelques participants originaires d’Afrique du Sud, des Etats-Unis, d’Inde et du Japon. Les questions posées étaient simples : pourquoi les syndicats ont-ils tant de mal à résister à la précarisation de l’emploi et à gagner de nouveaux droits pour les travailleurs ; quelles sont les mutations nécessaires ? Les analyses sont convergentes : la mondialisation est aussi une transformation profonde du capitalisme, avec la généralisation de la sous-traitance, de la précarisation et flexibilité de l’emploi qui rend difficile les luttes syndicales traditionnelles. Un premier niveau de réponse est aussi partagé : seule une alliance forte entre les différents secteurs de la population victimes de ces processus permettra de dépasser les difficultés actuelles.
C’est sur les moyens de mettre en œuvre cette politique d’alliance que les problèmes commencent. Une féministe et syndicaliste d’Afrique du Sud explique toutes les difficultés qu’elle a à convaincre ses camarades, à prendre en compte les femmes, reléguées le plus souvent dans des emplois précaires et donc non syndiqués. Un militant brésilien de la CUT estime que le regroupement mondial des syndicats qui vient de s’opérer risque de n’être qu’une opération bureaucratique qui ne répondra pas aux défis au syndicalisme.

Un responsable de l’ORIT, qui regroupe tous les syndicats des Amériques, du Canada à l’Argentine, explique comment le projet d’accord de libre échange des Amériques à été mis en échec. Dès 1994, l’ensemble des Etats des Amériques - à l’exception de Cuba - initient, sous la pression des Etats-Unis, le processus de mise en place de l’accord de libre échange. En 1997, une « Alliance Continentale » est créée avec l’ORIT, l’essentiel des mouvements paysans et indigènes, les mouvements de femmes, etc... Cette alliance est ouverte à tout groupe qui veut la rejoindre. Les différences de points de vue ont rendu ses débuts difficiles, mais l’alliance continentale s’est solidifiée grâce à une longue phase de discussion qui a permis de rédiger une plate-forme « Alternatives pour les Amériques » et surtout des mobilisations communes comme celle de Québec, en avril 2001, lors d’une rencontre des chefs d’Etats.

La combinaison entre la mobilisation, sous l’égide de l’Alliance, ainsi que les basculements politiques en Amérique du Sud (Brésil, Venezuela, Bolivie…) ont permis de faire échouer en 2005 le projet d’accord de libre échange. Une nouvelle étape s’ouvre aujourd’hui pour définir ce que serait une coopération internationale solidaire en Amérique Latine. Une « Rencontre des Peuples » s’est tenue à Cochabamba, en Bolivie, en décembre 2006 pour jeter les bases de ce projet. Un exemple utile à connaître pour réfléchir aux alternatives à construire, en Europe, après le rejet du projet de constitution en 2005.