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AFGHANISTAN

L’intervention est proche d’échouer selon les USA

Dimanche 2 mars 2008, par Declan Walsh et Richard Norton Taylor

Le président français Nicolas Sarkozy a accepté de déployer un bataillon hors de Kaboul, après que les américains aient critiqué les états européens pour leur refus de rejoindre le combat dans le sud du pays. Un rapport de Oxfam International publié hier affirme qu’aussi bien les forces de sécurité internationales et locales, les criminels et les talibans sont perçus par les afghans ordinaires comme des menaces pour leur sécurité. The Guardian.

Six ans après le début de l’intervention dirigée par les USA et malgré des milliards de livres de livres sterling [1] dépensés en programmes d’aide, la situation sécuritaire en Afghanistan se « détériore » et le gouvernement du président Hamid Karzaï ne contrôle que moins d’un tiers du pays, déclare un haut responsable du renseignement américain.

Mike McConnell a témoigné à Washington que Karzaï contrôle à peu près 30% du territoire, les talibans 10% et le reste est sous le contrôle des tribus.

Le gouvernement afghan a vigoureusement démenti hier les évaluations fournies par le directeur du renseignement américain, affirmant qu’il contrôle « plus de 360 » des 365 districts du pays. « C’est très éloigné de la réalité et nous le démentons totalement, » a précisé le ministre de la défense.

Mike McConnellMais ces sombres constats reprennent ceux qui ont été faits en termes encore plus appuyés par des laboratoires d’idées, y compris celui que dirige l’ancien commandant de l’OTAN, le général James Jones, qui concluait que des « changements urgents » étaient requis dès maintenant pour « empêcher que l’Afghanistan ne devienne un état failli. »

Bien que les forces de l’OTAN aient tué des milliers d’insurgés et plusieurs commandants, la poursuite de violences incessantes a affaibli la mainmise de Karzaï sur les provinces, alimentant les critiques de ceux qui le nomment par dérision le « maire de Kabul. »

Un attentat suicide visant un rassemblement de parieurs sur les combats de chiens, près de Kandahar la semaine dernière, a tué plus de 80 personnes. Hier, des combats ont eu lieu dans la province voisine du Helmand, lors d’une embuscade des talibans contre une patrouille de police. Le ministère de l’intérieur a fait état de 25 talibans tués, mais leur porte-parole déclare qu’ils n’ont eu qu’une seule perte.

La veille, la Fondation pour le Développement de la Vie Rurale, une organistion humanitaire, a déclaré qu’elle redoutait que Cyd Mizell, une employée américaine kidnappée le mois dernier, n’aient été exécutée en captivité.

L’important déploiement de troupes étrangères a échoué à apporter la stabilité dans le pays. Les USA ont près de 50 000 soldats en Afghanistan, deux fois plus qu’en 2004, et les Britanniques 7 700, principalement dans la province du Helmand. Le mois prochain, 2 200 Marines arriveront sur le terrain pour combattre l’offensive talibane attendue.

Les commandants de l’OTAN voient dans ces embuscades et ces attentats suicides la preuve que l’ennemi est démoralisé. Hier, le brigadier Andrew McKay, qui commande le contingent britannique dans le sud du pays, a déclaré que les talibans étaient « épuisés, » manquaient de combattants, et étaient rejetés par les communautés villageoises. « Logistiquement, ils ont également des problèmes. L’effet cumulé de tout ceci, c’est qu’ils doivent changer de modus operandi. C’est ce qui explique que nous assistions à plus d’attaques « asymétriques », et à des attentats suicides comme celui de Kandahar. »

Mais les analystes estiment que les talibans adaptent avec succès les tactiques brutales de guérilla qui ont si bien réussi aux insurgés irakiens. Les six soldats britanniques morts au Helmand durant les trois derniers mois ont été victimes de bombes placées le long des routes. Le trafic de drogue remplit les coffres des talibans. Selon les estimations les plus hautes, ce sont 40% des profits soit des dizaines de millions de livres sterling, qui vont aux insurgés. Les attaques ont rendue la principale route allant de Kaboul à Kandahar trop dangereuse pour être empruntée par les étrangers. Les conducteurs de camions afghans voyagent accompagnés d’une escorte armée.

L’insécurité a également gagné la capitale. Depuis l’assaut sur l’Hôtel Serena, en janvier dernier, les occidentaux ont disparu des rues de Kaboul. Cette semaine les commandants talibans ont menacé d’intensifier leur campagne d’attentats.

La raison majeure des succès talibans, déclare McConnell, réside dans « la possibilité de trouver refuge au Pakistan. » L’augmentation de la violence met l’OTAN à rude épreuve. Le président français Nicolas Sarkozy a accepté de déployer un bataillon hors de Kaboul, après que les américains aient critiqué les états européens pour leur refus de rejoindre le combat dans le sud du pays et que le Canada ait menacé de retirer ses troupes de Kandahar si les renforts n’arrivaient pas.

Un rapport de Oxfam International publié hier affirme qu’aussi bien les forces de sécurité internationales et locales, les criminels et les talibans sont perçus par les afghans ordinaires comme des menaces pour leur sécurité [2].


Publication originale The Guardian traduction Contre Info