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PALESTINE

L’Union européenne finance le blocus de Gaza

Vendredi 27 février 2009, par David Cronin

Des fonctionnaires de Bruxelles ont reconnu que l’aide de l’UE a été versée à une Cie pétrolière israélienne (Dor Alon qui appartient à Alon Group dont le CEO est David Weissman, qui a réduit la fourniture de carburant à Gaza dans le cadre d’un blocus économique internationalement reconnu comme illégal.

Presque 97 millions d’Euros (124 millions de dollars) gérés par la Commission européenne, le bras exécutif de l’UE, ont été directement versés à la Société Dor Alon [1] entre février 2008 et janvier de cette année. Obéissant à des ordres des autorités israéliennes, la Société Dor Alon a rationné les quantités de diesel industriel entrant dans Gaza pour priver les 1.5 millions d’habitants de Gaza d’électricité. Depuis que le parti militant Hamas a remporté une victoire surprise lors des élections législatives palestiniennes en 2006, les coupures de courant sont devenues un phénomène régulier dans Gaza.

Charles Shamas du Groupe Mattin, une organisation située en Cisjordanie qui contrôle les relations entre l’UE et Israël, a dit que l’UE avait aidé a arranger le blocus économique de Gaza. Ceci malgré le fait que les plus hauts diplomates de l’Union, dont le chef de la diplomatie étrangère, Javier Solana, et la commissaire aux relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, aient condamné le blocus comme étant une "punition collective" d’une population civile. Toute punition collective constitue un crime de guerre selon les Conventions de Genève de 1949.

Selon Shamas : " l’UE doit fournir une aide de façon légale". "Cela veut dire un effort fait de bonne foi pour ne pas se conformer aux actes délictueux des autres. Dans ce cas, l’UE concrétise des mesures illégales prises par Israël. Vous ne pouvez pas demander à Israël de corriger son comportement si vous ajustez ce que vous faite à ce comportement."

Christiane Hohmann, porte parole des relations extérieures de la Commission européenne, a dit que le diesel fournit par Dor Alon est utilisé par une centrale électrique qui fournit 30% des besoins d’électricité de Gaza. Les principaux bénéficiaires de l’aide de l’UE sont les écoles et les hôpitaux, a-t-elle ajouté, déclarant que Dor Alon a fourni plus de 96 millions de litres à Gaza suite à l’argent reçu de la Commission ces 12 derniers mois. Dor Alon a aussi bénéficié d’une aide fournie par l’Allemagne et la Belgique, des Etats membres de l’UE.

"Ce n’est pas se soumettre au blocus" a-t-elle dit. " Cela n’en fait pas partie. Ce que nous disons tout le temps aux Israéiens c’est qu’ils doivent ouvrir les points de passage ( dans Gaza). Le diesel industriel doit y entrer."

L’aide de la Commission est administrée via un mécanisme connu sous le nom de Pegase. Pegase, qui a commencé ses opérations l’année dernière, est conçu pour contourner le Hamas, tout en soutenant les activités de son rival, le Fatah, le parti en charge de l’Autorité Palestinienne en Cisjordanie. Hohmann a cependant fait remarquer que l’aide était directement payée à la Société Dor Alon et " ne circule pas à travers une structure palestinienne".

Un porte parole de Dor Alon a dit que toute réduction dans ses approvisionnement à Gaza est la conséquence des politiques du gouvernement israélien. " Dor Alon est une société privée, elle doit faire tout ce que lui demande le ministre de la Défense", a-t-il ajouté. " Je ne peux pas vous dire que nous fournissons plus un jour et moins un autre. Cela ne nous concerne pas. Pour cette affaire, nous suivons les ordres".

L’une des plus importantes société d’approvisionnement en carburant d’Israël, Dor Alon est également propriétaire de deux chaînes de magasins de produits de base, Alonit et AM:PM. Outre ses activités dans Gaza, elle possède tout un réseau de stations services et de boutiques dans les colonies israéliennes en Cisjordanie.

Selon Merav Amir, une militante de la Coalition of Women For Peace, une organisation qui étudie comment les sociétés israéliennes peuvent profiter de l’occupation de la Palestine, " Ce qui se passe dans ce cas là c’est que l’économie israélienne contrôle l’accès aux marchés palestiniens pour assurer des profits à certaines sociétés israéliennes".

Amir a fait remarquer que depuis les Accords d’Oslo, toute l’aide internationale destinée à l’Autorité Palestinienne lui est parvenue via Israël.Ces accords ont été les premiers négociés en face à face entre les deux camps, et signés en 1993 par le Président Shimon Peres, alors ministre des Affaires étrangères, et le président palestinien Mahmoud Abbas. Alors que l’intitulé de ces accords fait référence à l’autonomie d’un gouvernement palestinien, de nombreux observateurs ont fait remarquer qu’Israël a utilisé ceux ci pour renforcer son contrôle sur la Cisjordanie et Gaza.

" Israël détient une grande quantité d’argent qui en fait appartient à l’Autorité Palestinienne" a ajouté Amir. " Avec une partie de cet argent, il paie les fournisseurs de sorte que cela maintient la dépendance de l’économie palestinienne (à Israël). L’Union européenne est en mesure de faire pression sur Israël pour changer la façon dont tout cela est fait".

Chris Davies, un parlementaire européen du parti libéral britannique, qui s’est rendu récemment à Gaza, a décrit cette semaine comment le blocus de Gaza avait des conséquences dévastatrices dans la région densément peuplée qui lutte pour surmonter les 22 jours de bombardements qu’Israël a lancé fin décembre de l’année dernière.

Alors qu’il faut 500 camions chargés de nourriture et d’autres produits pour approvisionner Gaza, Israël n’autorise l’entrée que de 130 camions par jour qui passent par des points de passage contrôlés par ses troupes. " le papier pour les écoles, les couches pour bébés, les tablettes de purification de l’eau, le ciment pour la reconstruction, tout cela est interdit" a-t-il dit. " La vie normale dans cette grande ville est impossible". [2]

[1] Dor Alon est en situation de monopole concernant l’approvisionnement de carburant dans Gaza. Cette société appartient au Groupe Alon Israël, qui est propriétaire de Dor Gaz qui commercialise le gaz sur le marché industriel et institutionnel en Israël. Il détient également 50% dans le réseau de coffee shops Segafredo, et représente Chevron et Aral Lubricants (stés US) en Israël.

Les principaux actionnaires d’Alon Group sont : Biesol (David Wiessman "Dudi" pour les intimes) et la Famille Biran 39%, Kibboutzim 35%, Africa Israël 26%.

L’Alon Group dont Wiessman est le Président du Conseil d’Administration, est propriétaire de la chaîne de supermarchés " Blue Square" la deuxième plus importantes d’Israël, qui possède 170 magasins dont certains implantés dans les colonies de Cisjordanie, les chaînes de supermarchés , Mega, Mega Center et Blue Center, de même que la chaîne d’alimentation naturelle Eden Nature et la chaîne d’épicerie, Shefa Shuk ciblant la clientèle ultra orthodoxe sioniste.

"Dudi", 56 ans a servi dans l’armée de l’air israélienne. A la tête du Groupe Alon, il pousse celui-ci à diversifier ses activités notamment sur le marché européen. Le Groupe y possède déjà des biens fonciers mais cherche à s’implanter dans le secteur des supermarchés. En 2005, selon Forbes, les revenus annuels de "Dudi" s’élevaient au total à 528, 865.00 $. (Salaire 288,00.00$ + Bonus 240,865.00$).

Depuis, et notamment grâce à l’argent de l’UE ( des contribuables européens), nul doute que les revenus de ce profiteur de guerre et de son Groupe ont prospéré. L’année dernière il a décidé de développer son emprise sur les médias, il est co propriétaire avec Azur (propriétaire du Jpost et distributeur du Wall Street Journal) d’une Radio israélienne, Lelo Hafsaka (103FM) et ils ont un projet conjoint d’acquisition du quotidien gratuit en hébreu Israël Post.

Alon Group détient la franchise pour KFC et Pizza Hut en Israël et détient 49% des parts de Diners Club Israël. Il possède également une branche très florissante aux Etats Unis, Alon USA.

La participation directe du Groupe Alon au blocus de Gaza, ainsi que celle de Weissman sont passibles de poursuites judiciaires pour complicité de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, bien que le Groupe s’en défende. Ils n’ont pas à obéir à des ordres manifestement illégaux en Droit International.

Alon Group et Weissman doivent être ajoutés à la liste de ceux visés par les poursuites.

[2] Complément d’information par la traductrice :

La Coalition Israélienne des Femmes pour la Paix a mis sur pied un projet intitulé "Qui profite de l’occupation israélienne ?" et vient de lancer une banque de données en ligne (www.whoprofits.org) qui liste les entreprises collaborant directement à l’occupation de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza et des Hauteurs syriennes du Golan.

David Cronin IPS News - www.ipsnews.net

publié en français par Planète non violence