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PALESTINE

David et Goliath : une artiste palestinienne diffuse l’espoir

Jeudi 4 octobre 2007, par Ramzy Baroud

Lorsqu’on s’engage dans une vie de citoyen actif, à passer des heures et des années à lire et écrire sur les événements, empêcher le cynisme de vous rattraper, avec tous ces titres désespérants sur chaque journal ou magazine, devient une lutte quotidienne. Il est rare que l’on rencontre quelqu’un ou quelque chose qui ravive les sentiments de courage, de ténacité et d’obstination du jeune militant optimiste.

Dans mon bureau, accroché au dessus de la cheminée, bien en vue de n’importe quel endroit de la pièce, il y a la grande toile de Rana Ghassan, "David et Goliath". Je l’ai placée à un endroit stratégique, où la voir tous les jours est inévitable.

Je suis obligé d’étudier le danger latent représenté par les soldats rassemblés au loin, dans l’ombre.

Je me rends compte que le jeune homme sans visage sur le tableau se tient là, sans barricade pour le protéger, ni véhicule blindé anti-émeute, juste un pull de coton usé et une détermination qui ferait bouger les montagnes.

Il tient fermement une poignée de pierres, sa seule arme, ses veines gonflées et ses articulations pâles expriment une force peu commune qui contient si facilement et si complètement l’histoire de la lutte palestinienne.

Ce n’est pas un message de victimisation, de faiblesse ou de pitié. Oui, il parle d’adversité, d’injustice, mais aussi de prise de pouvoir et de volonté de ne pas se laisser abattre. S’il y a une idée que les Palestiniens veulent relayer, c’est bien celle-ci ; que leur lutte n’est pas née de la faiblesse et de la pitié, mais d’une détermination culottée et de cran. Ghassan est l’ambassadrice de son propre droit, et, à mon avis, elle transmet le message impeccablement.

"David et Goliath" reflète une symphonie d’émotions. Le tableau réunit magistralement les éléments d’un dessin précis, d’une couleur d’ambiance et d’une composition phénoménale, capturant les émotions subtiles cachées quelquefois à l’intérieur d’une scène vivante ou une photographie, et dépeint la lutte de la vie sous oppression dans une lumière inspirante de courage et de lutte.

Une des nombreuses forces est que Ghassan se centre sur les émotions positives d’une scène négative. Quelques artistes, qui choisissent de mettre l’accent sur les thèmes palestiniens, se concentrent sur les oppresseurs, ce qui donne des scènes morbides, sombres, et bien que très puissantes et remarquables, néanmoins ténébreuses.

Elle croit que l’histoire nous montre que ce sont nos heures les plus sombres qui nous fournissent, avec cet arrière-plan contrasté, la lumière la plus brillante de l’espoir et de l’inspiration. Cette idée est clairement capturée dans son travail.

Les mois récents ont aussi tristement montré un côté moins digne de la cause palestinienne. Avec des affrontements et des politiques internes qui ont créé tellement de divisions que l’essence réelle de la lutte s’est détériorée, le tableau de Ghassan nous rappelle, avec douleur et brutalité, qui sont les vrais héros de cette lutte. Ce sont les pauvres, les sans-droits, et surtout la jeunesse de Palestine, qui maintiennent en vie la lutte authentique et véritable.

Je crois que Ghassan, à travers son portrait intensément expressif, ne montre pas seulement l’ennemi extérieur, mais aussi l’échec de la direction palestinienne, car ce ne sont pas les politiciens, les ministres et consorts qui bravent l’armée d’occupation, mais un jeune garçon, au printemps de sa vie, qui se tient debout pour défendre son peuple.

Je suis tellement reconnaissant à Rana Ghassan qui, par son génie, son attachement et son engagement a su exprimer cette lutte d’une aussi belle manière. La fierté et l’espoir qui se dégagent de chaque toile nous forcent à renouveler notre implication d’une façon ou d’une autre, à reconsidérer notre place dans cette lutte inébranlable. Je suis certain que Ghassan sera honorée pendant des générations comme l’une des artistes palestiniennes les plus douées de son temps.

Source : Palestine Chronicle
Traduction : MR pour ISM